Mois : mai 2018
Wenn aus der Ferne…
« Wenn aus der Ferne, da wir geschieden sind,
Ich dir noch kennbar bin, die Vergangenheit,
O du Teilhaber meiner Leiden!
Einiges Gute bezeichnen dir kann »
Hölderlin, vers la fin.
Sexual healing
Les liaisons dangereuses
L’or est bleu douleur, Saratoga, bleu d’hiver, bleu noir, sa couleur épaissira la rivière, la mort m’aura gagné avec sa bonne odeur de cave.
Normandie
Bandits corps souffrants contre-jour
Grand hôtel de klaxons
Casino de famille, insupportable
Maison des jeunes qui s’écroule
Sous le pinceau de mes doigts.
Escadrille
Amène le cheval de bataille, le sommet n’aura pas lieu. Galonnés, faites votre travail de voltige, je ne veux plus sortir du bain. A la comète, je fais le serment du grand ciel et je lui lis le récit des héros trahis.
Crépuscule de la fête
Rakki taï
J’écris ce que je ne photographie pas. Je photographie ce que je ne peux écrire, ou dire.
Nous deux comme roi et reine
Nous deux comme roi et reine, mon amour, ils sont à genoux, à genoux, les vois-tu, ils attendent, ils nous attendent, ils nous ont reconnus, mon amour, leur peine, comme leur peine est lourde, sauvés, sauvés, ils seront sauvés, muets de vénération, je suis celui qui monte sur la chaise, abandonnée depuis si longtemps sur leur plage déserte, celui qui harangue la mer démontée, elle se retire à mon chant, je suis le vent qui passe sur leurs joues, ils pleurent, ils pleurent de nous aimer, mon amour, nous deux comme roi et reine, nous nous sommes donnés au peuple que l’on ne voit pas, et moi qui les élève, et moi, visiteur au-delà d’eux-mêmes, avec toi, ô ma reine, je suis leur procession, je marche et eux me suivent, comme ma voix porte au loin et eux muets, muets, à m’écouter seulement, à m’écouter venir, annoncer la nouvelle, nous deux comme roi et reine, mon amour, je les guéris, je suis celui qui les pénètre et les féconde, peuple triste et assoiffé de nous, affamé de ma lumière, la nuit, dans le sommeil, j’entre par effraction dans leur âme, je vole au-dessus d’eux, peuple des abimes, peuple sans rêve, je vous apporte le rêve, je suis le destin qui vient, la révolution des abîmes, il n’y avait rien, et nous deux, comme roi et reine, mon amour, nous sommes tout, le tout est venu, les démons nous ont fui, peuple enfermé dans la gangue de la terre, je vous ai libéré, je suis votre liberté, je vous soulève, et par mon souffle, vous voilà de retour à la vie, ô, ma reine, vois comme ils sont riches de nos regards, vois comme ils reçoivent l’espérance, ils n’espéraient plus, et voilà qu’ils reçoivent notre suprême bien, peuple démonté par la misère de notre absence, peuple des marais et des caves, peuple outragé, peuple brisé, je vous ai élu comme mon royaume, et nous deux, comme roi et reine, mon amour, leur clameur est notre triomphe, ils danseront jusqu’au matin, je suis leur victoire, ils ne m’attendaient plus, et je suis venu, je suis venu car j’étais là, et ma présence est ce qu’il y a de plus beau dans leur monde, dans ce monde où l’on étouffe, nu de douleur, je déclare le bonheur, leur droit à ma vie, leur droit d’être par ce que je suis, leur chair est ma chair qui par moi nait et meurt, nous deux comme roi et reine, mon amour, ils sont mon sang, et je le ferai couler, je me baigne dans leur sang, amour innombrable, viens ma reine, et bois l’offrande de ton peuple, ce peuple qui est mien, ma créature, ma mort, mon adorable, mon feu de joie. Nous deux comme roi et reine, notre pouvoir, mon amour, sois fière, sois fière de ton peuple, c’est pour eux, pour eux seulement, que j’ai forcé les portes de la vie.